Journal de Québec, Spectacles | Musique
Marie-Ève Blanchard — Vendredi, 16 juin 2023
Festival de la chanson de Tadoussac: Chloé Sainte-Marie rassembleuse
Le Festival de la chanson de Tadoussac a fait la part belle aux univers musicaux autochtones en début de soirée vendredi, notamment avec Kanen et Katia Rock. À l’église du village, la poétique et charismatique Chloé Sainte-Marie est venue offrir un spectacle rempli d’émotions, faisant tour à tour vivre les langues des Amériques.
A l’heure de l’apéro, le Tradchester, paradant avec ses instruments de musique traditionnels québécois, est venu animer le village. Le temps était clément, l’air frais du fleuve vivifiant, l’ambiance sereine parmi les festivaliers venus s’imprégner de musique dans un cadre exceptionnel.
Au cœur de l’église, plongée dans une ambiance feutrée et bleue, Chloé Sainte-Marie a laissé la voix porteuse et enveloppante de Joséphine Bacon donner le ton du spectacle. Nous avons entendu la poétesse innue réciter dans sa langue maternelle Maudit silence, poème dont est tiré le titre du dernier livre-album de la chanteuse, avant qu’elle ne vienne l’offrir au public en français.
Entouré de ses musiciens, Yves Desrosiers aux guitares, Catherine Le Saunier au violoncelle et aux percussions et Guillaume Bourque à la basse et aux guitares, l’artiste multidisciplinaire a poursuivi avec Kyrie-Kyrie Kwe-Kwe, puissant poème du géographe Jean Morisset. Porté par le chant de son violoncelliste, c’était à la fois touchant, magnifique et solennel.
“Bonne soirée! Je suis si heureux que nous soyons réunis pour célébrer les Amériques qui nous ont donné naissance ! s’enthousiasme l’artiste de 61 ans, invitant son public à un voyage ethnographique et linguistique. Elle proposa alors Ti Katkatpoème de James Noël en créole haïtien habillé de musique rythmée, avant de livrer une sorte de rap, Tchee-Kee-Dee Dee-Dee-Dee brillamment soutenu au violoncelle par Catherine Le Saunier.
Chansons et poèmes s’enchaînaient dans un spectacle généreux mettant en scène une pluralité de langues où l’on pouvait entendre le quechua, le guarani, le selknam et le maya ainsi que la voix de Lola Kiepja, dernière de la nation Selk. nam a grandi dans des coutumes ancestrales, et le Mowak George Wahiakeron Gilbert est venu réciter une courte prière dans sa langue.
Les univers musicaux autochtones à l’honneur
Un peu plus tard, sur une scène extérieure surplombant le village, la jeune auteure-compositrice-interprète Kanen, originaire de la communauté Mani-utenam, proposait son univers indie-folk, à la fois puissant et empreint d’une grande douceur. Avec le fjord en toile de fond, c’était d’une beauté à couper le souffle.
Parallèlement, l’artiste innue Katia Rock a livré le premier de deux spectacles à l’Hôtel de Tadoussac.