Mercredi, 31 janvier 2007
Hélène Cormellier
Point de vue d'une aidante
Tiré d'une entrevue d'Hélène Cornelier, Femmes d'ici, 31 janvier 2007
Q. : L’Afeas revendique que le Québec se dote d’une prestation d’aide aux proches dans le cadre du Régime québécois d’assurance parentale. Qu’en penses-tu?
Chloé : La proposition de l’Afeas, c’est pour 12 semaines. On fait quoi le reste de l’année? Je ne suis pas contre, c’est un début mais il faut trouver une solution à long terme pour les aidants qui gardent la personne chez elle au lieu de la mettre en CHSLD. Ce n’est pas le crédit d’impôt de 300 à 1.000$ qui peut suffire à nous aider, ni les autres mesures isolées. Il faut changer notre façon de voir la vieillesse, la maladie et la perte d’autonomie. Les aidants, c’est du long terme! Il est fini le temps où automatiquement les malades allaient dans les centres, il faut prévoir des solutions alternatives, et surtout les financer… Quand on est aidant, on n’a pas le temps de chercher parmi toutes ces mesures dont on ne nous parle pas parce qu’il faut chercher des fonds pour payer les préposés qui viennent quotidiennement et s’occuper de la personne aimée.
Q. : Es-tu davantage reconnue socialement comme artiste et chanteuse, même dans les périodes où tu travailles peu, que comme aidante? Cela fait-il une différence parce que tu es connue?
Chloé : Peu importe si je suis plus connue comme chanteuse que comme aidante. Ce sont les autres qui peuvent le dire. On a dit en 2000 seulement que Gilles avait le Parkinson pour éviter qu’il perde des contrats. Moi, c’est en 2002, à l’émission de Christiane Charrette, que j’ai fait une première sortie comme aidante. Avant, je ne savais pas que je l’étais. Depuis, mes chansons expriment ce que je vis. Si Gilles n’était pas malade, je ne chanterais pas Miron (Gaston Miron) comme je le fais. Gilles a toujours dit que ce que nous étions et ce que nous faisions était lié. C’est vrai! Mon travail comme chanteuse est lié à mon travail d’aidante; j’exprime ma situation d’aidante et celle de Gilles comme malade. C’est la seule façon de m’en sortir. C’est vrai aussi pour les autres, comme cette mère qui prend soin de son fils handicapé et qui fait de la peinture. Dans notre société, on oublie que les vieux possèdent des trésors, comme le disent les Amérindiens. Dans notre monde, on veut les cacher. On devrait les écouter et en prendre soin car ils ont toute une expérience de vie, toute une histoire…
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Source : Femmes d'ici, Afeas, hiver 2007