Vendredi, 16 mars 2018
Marc-André Soucy
Chloé Sainte-Marie, en amour avec le Bas-Saint-Laurent
Chloé Sainte-Marie vient d’acheter une terre sur le côté nord de l’Île Verte, un endroit où elle a l’impression d’être seule au monde tellement c’est beau et vaste.
Crédit photo : Photos : Pierre Dury
ÎLE VERTE — La comédienne et chanteuse Chloé Sainte-Marie est en amour avec la vastitude du Bas-Saint-Laurent. « Je ne mourrai pas à Montréal », prévient-elle. Son paradis terrestre, c’est l’Île Verte.
La petite île est située en plein cœur de cette région pour laquelle elle ne tarit pas d’éloges. Elle y a vécu de 1986 à 2004 avec le cinéaste Gilles Carle, le grand amour de sa vie, qui est décédé de la maladie de Parkinson en 2009.
La colorée chanteuse vient d’ailleurs d’acquérir une terre sur le côté nord de l’île parce qu’elle souhaite y retrouver ses grands espaces, les marées, les spectacles offerts par les montagnes de Charlevoix, les couchers de soleil magnifiques, le fjord du Saguenay et même la vue lointaine de Tadoussac. Pour elle, les gens qui habitent l’Île Verte sont différents. « Ils ont gardé quelque chose de vrai, de sincère qu’on ne retrouve pas ailleurs. Ils vivent à l’heure des marées, des brumes. Il y a un rythme humain là-bas. C’est un endroit unique au monde », affirme-t-elle.
Maisons Gilles-Carle
Chloé Sainte-Marie se définit davantage comme une artisane que comme une artiste. Elle se dit incapable de donner des centaines de spectacles par année comme certains chanteurs rock. Elle chante de la poésie qu’elle choisit et s’exprime en plusieurs langues amérindiennes. Elle a d’ailleurs sorti un album complet en innu et c’est elle-même qui gère ses projets. « Le mot artiste est presque péjoratif quand il prend le sens de commercialisation, de performances liées aux ventes, de cotes d’écoute, etc. Je me sens davantage une artisane, dans le sens noble du terme », précise-t-elle.
Depuis la mort de Gilles Carle, Chloé s’emploie à créer des maisons de repos pour les aidants naturels. Grâce à La Fondation Maison Gilles-Carle, une première maison a été inaugurée en 2012 à Cowansville. « Nous comptons en ouvrir cinq autres d’ici 2022 », précise la porte-parole et initiatrice de la Fondation. L’organisme est d’ailleurs en campagne de financement et compte bien profiter des prochaines élections provinciales pour rencontrer chacun des partis politiques et exiger des engagements de leur part.
« C’est valorisant de prendre soin de quelqu’un qu’on aime, mais quand la fatigue prend le dessus, c’est dangereux.
Au Québec, la moitié des aidants meurent avant leur malade. Ça fait presque 10 ans que Gilles est mort et je commence à peine à être bien, à dormir. Ma fatigue est en train de sortir de moi. Je commence à rire, à être heureuse », se réjouit-elle.
« C’est naturel d’aider les malades. Ce qui n’est pas naturel, c’est de le faire 24 heures par jour, 7 jours sur 7 et 365 jours par année. Tu deviens un esclave, tu te perds… »
Crédit photo : Pierre Dury