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Marc-Antoine Lavoie — Samedi, 5 septembre 2020

Un répit pour les proches aidants de Beauce

Une première maison Gilles-Carle en Chaudière-Appalaches offrira un peu de répit aux proches aidants.

Reportage de Marc-Antoine Lavoie
Le reportage de Marc-Antoine Lavoie
PHOTO : RADIO-CANADA / MARC-ANTOINE LAVOIE

Les proches aidants de Chaudière-Appalaches ont maintenant un lieu pour obtenir du répit. Accusant cinq mois de retard en raison de la COVID-19, la première maison Gilles-Carle de la région est maintenant prête à accueillir ses premiers hôtes à Saint-René, en Beauce.

À quelques kilomètres au sud de Saint-Georges, bien cachée dans un boisé de Saint-René, la maison Gilles-Carle a tous les airs d’un gîte où on aimerait passer des vacances.

Ce lieu enchanteur est réservé aux proches aidants qui souhaitent faire une pause.

La maison Gilles-Carle de Saint-Renée
La maison Gilles-Carle de Saint-Renée, en Beauce, est la première en Chaudière-Appalaches.
PHOTO : RADIO-CANADA / MARC-ANTOINE LAVOIE

Les trois chalets en bois rond qui longent le lac privé du domaine offrent 11 lits d’hébergement pour personnes en perte d’autonomie. La pandémie limite toutefois à trois le nombre de personnes qui pourront y obtenir des soins en même temps.

Avec plus de 72 000 proches aidants, l'organisme responsable de la gestion du site pense que ce nouveau service répond à un réel besoin.

« Les proches aidants, il va y en avoir de plus en plus. Il faut trouver des façons d'éviter qu'ils s'épuisent. Selon la maladie, la situation peut durer pendant des années », affirme Sonia Nadeau, de la Société Alzheimer de Chaudière-Appalaches.

Une vie dédiée à son conjoint

Lucie Picard compte bien être parmi les premières personnes à bénéficier de cette aide. La Beauceronne est devenue la proche aidante de son conjoint en 1997. Marc Doyon a été victime d’un accident vasculaire cérébral. Depuis, le côté gauche de son corps est paralysé.

« Je veux travailler et gagner mon argent. Alors, je le réveille à 5 h du matin. Je lui fais la barbe. Je l’habille. Il faut que son dîner et que son déjeuner soient prêts avant que je parte », affirme Mme Picard.

Malgré les épreuves, le couple est inséparable. « Pas question que j’aille vivre dans un foyer », mentionne Marc Doyon, qui s'estime chanceux d’avoir rencontré son amoureuse six ans avant son accident.

Marc Doyon et sa conjointe Lucie Picard
Marc Doyon et sa conjointe Lucie Picard
PHOTO : RADIO-CANADA / MARC-ANTOINE LAVOIE

Mais après plus de 20 ans dédiés à la vie de son conjoint, Lucie Picard est parfois épuisée.

L’ouverture de la maison Gilles-Carle lui donne l'espoir d'avoir enfin trouvé un endroit où elle sait que son amour obtiendra les soins qu’il mérite, pour une journée ou pour quelques jours.

Ailleurs, je sais que des gens s’en occupent, mais pas comme moi je le fais. C’est moins personnel en raison du nombre de résidents, soulève-t-elle.

Lucie Picard pourra donc travailler l’esprit tranquille comme cuisinière dans une résidence de réinsertion en santé mentale de Beauceville.

Elle compte aussi bénéficier de l’aide de la maison Gilles-Carle pour aller visiter sa fille à Chicago.

« En venant ici, je ne suis pas inquiète. Je sais qu'il va avoir tous les soins. Là-bas, je ne fais pas d'anxiété et je profite de mon séjour. Parce que le dernier que j'ai fait, je n’en ai pas profité. Je me suis ramassée à l'hôpital parce que je faisais de l'anxiété », relate-t-elle.

Don à la communauté

Un couple beauceron a prêté le domaine gratuitement au gouvernement. L’entente est signée pour 10 ans.

Le Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSS) fournit l’équipe de soins de 14 personnes, en plus de référer la clientèle. Le CISSS prévoit accueillir 850 usagers la première année.

Un total de 14 emplois seront créés
Un total de 14 emplois seront créés par la maison Gilles-Carle en Beauce.
PHOTO : RADIO-CANADA / MARC-ANTOINE LAVOIE

Chaque nuit passée sur le site coûte 25 $ pour les repas. Un montant de 6 millions de dollars a également été octroyé sur dix ans pour pallier le manque à gagner.

Bien fier de la concrétisation de ce projet, le député de Beauce-Sud, Samuel Poulin, estime que « le répit est la clé pour les proches aidants ».

« On a besoin de savoir que la personne qu'on aime le plus au monde va avoir un endroit pour bien se reposer pendant que le proche aidant peut retrouver sa vie à lui », affirme M. Poulin.

[Source]