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Chloé Sainte-Marie: revoir l’enseignement de l’histoire
À la source de Maudit silence, réside «un sentiment d’indignation» vis-à-vis du fait que l’Histoire telle qu’elle est enseignée en Amérique du Nord est, aux yeux du tandem, fausse, ou du moins complètement biaisée.
« Je me sens handicapée car je n’ai pas appris [la véritable] l’histoire de mon pays », confesse Chloé Sainte-Marie. Elle regrette notamment « tous les préjugés qu’on ma inculqués par rapport au monde autochtone ».
Le plus grand génocide – 50 millions de morts, c’est le génocide autochtone. Ce n’est pas ce qui est véhiculé dans les écoles, là où tout commence, pourtant. C’est là que commencent les ravages. Pourquoi ne m’a-t-on pas appris l’espagnol, ou une langue autochtone, plutôt que l’anglais. Tout est vu par un pouvoir dominant, celui des soi-disant conquérants.
« Quelle aurait été ma vie, si j’avais su notre histoire, si on ne m’avait pas matraquée avec ces images de ‘Mauvais indiens’ et de ‘bons blancs’? Je ne connaissais rien [du chef métis] Louis Riel avant de découvrir les écrits de Serge Bouchard, Jean Morisset» et de quelques autres. «Pour moi, chanter du Riel, c’est très émouvant. Je ressens son esprit, sa présence. On a fini par l’oublier, mais Riel est un poète, au départ. »
« Tout ce que Kondiaronk a fait pour la paix ici, je l’ai découvert très tard ; pourtant, c’est un héros autochtone qui mérite une place » dans les manuels scolaires, dès le primaire, s’exclame celle qui consacre à l’épopée de ce chef wendat une fort jolie chanson.
« Jean a une vision vraiment unique de l’histoire du Québec et du Canada. » Son livre Sur la piste du Canada errant, en particulier, « m’a vraiment saisie et troublée, moi qui [en tant que francophone] a toujours eu le cordon ombilical branché sur la France et qui n’ai jamais pensé que ça pouvait être autrement. Au Brésil, quand on parle d’identité, personne ne se réclame du Portugal! »
Bien qu’elle ait vécu 7 ans à Paris, Chloé Sainte-Marie se dit aujourd’hui convaincue de partager bien plus de points en communs avec ses « frères péruviens » ou haïtiens, qu’avec ses lointains cousins du Vieux Continent. « On n’a pas rapport à vouloir continuer à regarder toujours du côté des Français! Ce n’est pas la même culture, et ce n’est [en définitive] pas la même langue, même si on parle français ».
Maudit Silence vient donc répondre à son « envie d’aller à la rencontre de nos frères [continentaux] qu’on ne connaît pas », alors que leur «vision du monde est plus proche» de la nôtre que celle venue du berceau européen.
L’envie, aussi, « d’entendre ces langues avec une autre musique, un autre rythme – et qu’on se doit d’apprendre. De dire. De chanter. De transmettre. C’est important pour communier. Pas juste pour communiquer : pour communier », ajoute-t-elle.