Tous les articles

LeSoleil numérique, Arts - Expositions

Josianne Desloges — Dimanche, 11 juillet 2021

Ce que racontent les sons au Musée maritime du Québec

Sophie et Caroline

L'ISLET — En entrant dans la salle de Brise-glace : immersion sonore au Musée maritime de L’Islet, on a l’impression de monter à bord d’un bateau à mazout et à vapeur, de visiter la salle des machines, la cabine de pilotage et les confins du navire, où la coque craque et fend les glaces.

Le silence triste qui régnait sur le Ernest-Lapointe, en cale sèche derrière le Musée, a marqué Sophie Royer lors de son arrivée au sein de l’institution en 2016. «L’imaginaire de la navigation, c’est du son, du mouvement», expose l’artiste sonore Caroline Gagné, qui a eu le mandat de «redonner vie» au brise-glace, qu’on aperçoit par les fenêtres de la salle d’exposition.

Le duo a travaillé à partir de sons enregistrés par Caroline, mais aussi de sons puisés dans un demi-siècle d’archives. «Reconnaître les sons comme du patrimoine matériel, en muséologie, c’est nouveau», notent-elles. La contribution de capitaines à la retraite et de David Frederick, un passionné de bateaux qui travaille sur des tournages hollywoodiens, ont permis de réaliser une véritable cartographie sonore, immersive et riche.

Brise-glace
Vue de la salle d’exposition de Brise-glace: immersion sonore
MUSÉE MARITIME DU QUÉBEC, MARIE-PIER MORIN

Dans la salle, un manche à air sorti de la réserve muséale et un morceau de coque de navire, récupéré au chantier des Harvey à Saint-Jean-Port-Joli, permettent «d’ancrer les sons» dans l’espace. Les groupes scolaires peuvent y faire un atelier d’écoute active, puis apprendre les rudiments de la composition sonore, en jouant avec les paramètres de l’œuvre qui s’écoule des haut-parleurs.

L’utilisation de l’art actuel pour enrichir l’expérience des visiteurs de ce musée patrimonial est pour le moins réussie.

Ce que raconte le fleuve

Sur la mezzanine du musée, un second projet inédit retient l’attention. Jean-Sébastien Veilleux y présente L’Écho des fluides, vaste entreprise autour du fleuve Saint-Laurent et de ses berges réalisée avec le concours des citoyens.

Chloé
Jean-Sébastien Veilleux, la costumière Catherine Gauthier et Chloé Sainte-Marie, lors de la création du tableau La Délinquance présenté sur la mezzanine du musée.
FOURNIE PAR JEAN-SÉBASTIEN VEILLEUX

La portion la plus apparente est un tableau numérique, La Délinquance, fait avec la technique du cinémagraphe. On y voit Chloé Sainte-Marie, vêtue de matières rejetées par le fleuve, qui fixe l’horizon, au grand vent, comme un ange déchu ou quelque divinité écologique.

«Le leitmotiv était de créer des portraits numériques de notre civilisation et de l’incidence de notre présence dans la nature», indique Jean-Sébastien Veilleux. La voix de la chanteuse, transformée, devient habillage sonore du tableau. «Comme s’ils étaient flottants dans le fleuve», note-t-il.

Poli par l'eau
Les «Polis-par-l'eau»
FOURNIE PAR JEAN-SÉBASTIEN VEILLEUX

On peut découvrir différents niveaux de profondeur (déclamations poétiques et entretiens, notamment) en scannant un code QR avec son téléphone intelligent. Les visiteurs peuvent aussi adopter un «Poli-par-l’eau», un bâton où est inscrit un engagement environnemental et une œuvre qui ressemble à une petite planète, et qu’on peut ensuite retourner au fleuve.

Plus de détails à : www.mmq.qc.ca

Bateau
Les fenêtres de la salle de l’exposition Brise-glace : immersion sonore donnent sur le bateau Ernest-Lapointe, en cale sèche derrière le musée, à L’Islet.
MUSÉE MARITIME DU QUÉBEC, MARIE-PIER MORIN

[Source]